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festival du cinéma américain de Deauville - Page 14

  • En attendant l'ouverture du 33ème Festival du Cinéma Américain de Deauville...

    09cbc12f4fd8eda498bffab2ffe23695.jpgEn attendant ma première note en direct de Deauville et du festival, demain, et en attendant l'ouverture du site internet officiel du Festival du Cinéma Américain, probablement demain également, pour patienter, je vous invite à relire

    mon compte-rendu du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2006, en cliquant là.

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    Demain soir, le film "King of California" de Mike Cahill (dont vous pourrez bientôt lire ma critique sur ce blog) précédé de l'hommage à Michael Douglas, interprète principal du film en question, feront l'ouverture de ce 33ème Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Bon festival!

    Sandra.M en partance

  • Le prix littéraire 2007: "La belle vie" de Jay McInerney

    Le prix littéraire Lucien Barrière du 33ème Festival du Cinéma Américain de Deauville dont le jury est composé de Frédéric Beigbeder ( écrivain, éditeur et journaliste), Gilles-Martin Chauffier (écrivain et rédacteur en chef de Paris-Match), André Halimi (écrivain, journaliste et cinéaste), Eric Neuhoff (journaliste et écrivain) et Gonzague Saint Bris (journaliste et écrivain) sera décerné pendant le festival à l'écrivain américain:

    Jay McInerney pour "La belle vie" paru aux Editions de l'Olivier

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    Remarque: Cette année, la remise de prix n'aura pas lieu dans les salons de l'hôtel Royal mais au CID, le jeudi 6 septembre, à 20H30 avant la projection du film "La chambre 1408".

    Biographie de l'auteur:

    Jay McInerney est né le 13 janvier 1955 à Hartford (Connecticut) et vit actuellement à new York. Fils d'un cadre de multinationale, il suit ses parents de Londres à Vancouver puis à Pittsfield (Massachussets), c'est là qu'il rencontre son éditeur. En 1977, grâce à une bourse de Princeton, il s'installe à Tokyo pour deux ans. A son retour aux Etats-Unis, il travaille au New-Yorker (au service de vérification) et lit des manuscrits pour Random House. À l’instigation de Raymond Carver, il quitte New York et sa vie nocturne pour l’université de Syracuse, où il écrit It’s Six A.M. Do You Know Where You Are ? D’abord publiée dans la Paris Review, cette nouvelle deviendra le premier chapitre de son premier roman, Bright Lights, Big City. Dès sa parution en 1984, ce livre obtient un énorme succès. Dans les années qui vont suivre, la presse se focalise sur un groupe de jeunes auteurs new yorkais, le « Brat Pack », dont Jay McInerney est censé être le chef de file. On y retrouve Bret Easton Ellis, Tama Janowitz, Mona Simpson, David Leavitt, Susan Minot, Lorrie Moore… « Lorsque nous avons commencé à écrire, Bret Easton Ellis et moi, l’expérience urbaine n’occupait qu’une place mineure dans la littérature américaine. Aujourd’hui la plupart des écrivains, notamment Franzen et Lethem, et même Don DeLillo dans Cosmopolis, écrivent sur New York. » D’abord portés aux nues, McInerney et Ellis sont férocement attaqués par une presse qui leur reproche leur mode de vie, considéré comme choquant par l’establishment de la côte Est. « Comme le dit mon ami Norman Mailer, les flashs ont cette capacité de te voler tout ce qu’il peut te rester d’intelligence. » McInerney leur répondra à la une du magazine Esquire en fustigeant le voyeurisme d’une caste de mandarins, incapables de comprendre que la formule « Sex, Drugs and Rock’n’Roll » n’est pas un sujet de conversation mais une manière de vivre. Certains y laisseront leur santé mentale. D’autres leur vie. L’échec de Toute ma vie, monologue d’une jeune new yorkaise proche de l’héroïne de Breakfast at Tiffany’s, l’oblige à se remettre en question. Il lui faudra cinq ans pour écrire Trente ans et des poussières, publié aux Éditions de l’Olivier en 1993. Roman de « génération », Trente ans et des poussières est à la fois une comédie crépitante à la Tom Wolfe et une tragédie fitzgeraldienne. Une fois de plus, la critique est enthousiaste et le livre fait son entrée dans la liste des best-sellers du New York Times. Le Dernier des Savage traverse les années 1970, entraînant le lecteur dans une Amérique où s’affrontent l’Ancien et le Nouveau, la justice et la liberté, le sens de l’honneur et la tentation de la trahison. Avec Glamour Attitude, Jay McInerney affirme ses talents de chroniqueur brillant et inspiré d’une époque, en l’occurrence les années 1990, dont il dénonce les tares et les bassesses avec une sorte de jubilation féroce. Il a publié en 2003 un recueil de nouvelles, La Fin de tout.

    D’après des propos recueillis par François Armanet et Didier Jacob pour Le Nouvel Observateur et Jérôme Schmidt pour Nova.

    Bibliographie aux Editions de l’Olivier

    Trente ans et des poussières, roman, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, Éditions de l’Olivier, 1993 ; Points, n°149

    Bright Lights, Big City, roman, traduit de l’anglais (États-Unis) par Sylvie Durastanti, Petite Bibliothèque de l’Olivier, 1997

    Le Dernier des Savage, roman, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre

    Carasso, Éditions de l’Olivier, 1997 ; Points, n°610

    Glamour Attitude, roman, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso,

    Éditions de l’Olivier, 1999 ; Points, n°752

    La Fin de tout, nouvelles, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso,

    Éditions de l’Olivier, 2003 ; Points, n°1262

    La belle vie, roman, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Agnès Desarthe, Éditions de l’Olivier, 2007

    Bibliographie aux autres Editions

    Ransom, Payot, 1988 ; LGF, 1992

    Toute ma vie, Payot, 1989 ; Rivages, 1997

    « LA BELLE VIE », LE ROMAN :

    Ils avaient trente ans et des poussières. Le monde leur appartenait. Ils étaient, disait-on, le plus beau couple de New York. C’était en 1987. Quatorze ans plus tard, Corrine et Russell Calloway ont deux enfants et vivent dans un loft luxueux, à TriBeCa. Ce soir-là, ils ont invité des amis à dîner (Salman Rushdie vient de se décommander). Nous sommes le 10 septembre 2001. Dans quelques heures, le monde va basculer dans l’horreur. Cette horreur, Jay McInerney se garde bien de nous la montrer. Ce livre n’est pas le roman du 11 septembre. Il nous parle de ce qui se passe après, quand l’onde de choc de l’attentat du World Trade Center vient percuter des millions de vies. Une étrange atmosphère se répand, mélange de chaos et de responsabilité collective, d’angoisse et d’euphorie. L’impossible est devenu possible. Désormais, tout peut arriver. Corrine fait du bénévolat sur le site de Ground Zero. Elle y rencontre Luke. C’est le début d’une passion qui, elle aussi, va tout balayer sur son passage. Dans cette ville qui ne ressemble plus à rien, sinon, peut-être, au Londres de La Fin d’une liaison, ils cachent leurs amours clandestines, au point d’oublier ce qui les entoure : le fric, le toc et le chic du milieu auquel ils appartiennent, l’érosion des sentiments, le poids des habitudes. Jusqu’au moment où…

    Source: Dossier de presse du festival

  • Composition des jurys Palmarès et de la Révélation du 33ème Festival

    9e674042eda4183354d59fe2d69076a0.jpgComme prévu, l'actualité est de retour sur "In the mood for Deauville", ce 23 août 2007, après un mois d'inactivité. De nombreux et divers articles quotidiens vont venir enrichir le blog à commencer par la programmation détaillée de ce festival 2007 que j'avais déjà commencé à évoquer. D'autres seront mis à jour ou viennent de l'être comme mon article concernant les accréditations, au regard des modifications de billetterie pour cette édition 2007.

    Ces prochains jours je vous détaillerai ainsi les 124 films pour l'instant prévus au programme du festival, les hommages, (Michael Douglas s'est ajouté à la liste déjà prestigieuse), les nuits américaines et leurs 60 films dont de nombreux chefs d'oeuvre du cinéma américain sur lesquels je reviendrai également.

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    En attendant donc de détailler ce programme, et en vous annonçant que Matt Damon, Ben Affleck, Georges Clooney, Michael Douglas, Sigourney Weaver, les frères Farelly, Sidney Lumet, Sidney Pollack, Susan Sarandon, Zoe Cassavetes, Gena Rowlands... sont d'ores et déjà attendus sur les planches, je vous présente les membres des deux jurys Palmarès et de la Révélation.

     Le Jury Palmarès sera cette année présidé par André Téchiné (voir mon article ici) .                         

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    Il sera à ce jour accompagné de:

    -Odile Barski- Scénariste, romancière

    -Xavier Beauvois - Réalisateur (voir ma critique du "Petit Lieutenant" en cliquant ici)

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    -Nicolas Cazalé- Comédien (Voir mon article sur "Le fils de l'épicier" de Eric Guirrado dans lequel joue Nicolas Cazalé, un film présenté en avant-première au dernier Festival de Cabourg, un film que je vous recommande d'ailleurs)

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    -Charlelie Couture - Auteur, compositeur et interprète

    -Emilie Deleuze- Réalisatrice

    -Anouk Grinberg- Comédienne

    -Marie-France Pisier- Comédienne

    -Yasmina Reza -Ecrivain, Scénariste et Comédienne

    Le Jury Palmarès remettra, lors de la cérémonie du palmarès le dimanche 9 septembre, les prix suivants:

    Le Grand Prix

    Le Prix du Jury

    Le Jury de la Révèlation Cartier qui décernera le Prix de la Révélation qui récompense un des films de la compétition pour ses qualités novatrices sera cette année présidé par Gaël Morel (voir mon article ici).

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     Il sera accompagné de :

    -Clotilde Hesme -Comédienne ( qui joue également dans "Le fils de l'épicier" dont je vous ai parlé précédemment)

    -Mélanie Thierry- Comédienne

    -Florian Zeller- Ecrivain (dont je vous ai parlé à l'occasion de la représentation de sa pièce "L'Autre", voir article ici)

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    -Vahina Giocante-Comédienne

    -Olivia Magnani- Comédienne

     

  • Mes "nuits américaines": les incontournables du cinéma américain

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     En attendant d’en savoir davantage sur la programmation de ce 33ème Festival du Cinéma Américain que je vous détaillerai bien entendu ici, je vous propose la liste de mes 37 (tout simplement parce que je n’ai pas pu en choisir moins, tant pis pour la logique : je souhaitais initialement n’en prendre que 33 mais c’était rigoureusement impossible…) films américains incontournables …aussi divers soient-ils, en espérant que certains d’entre eux seront projetés lors des « Nuits américaines » du festival.  Certains sont des chefs d’œuvre, d’autres des films de pur  divertissement.

    Evidemment une telle liste imposait des choix cornéliens. J’ai donc délibérément opté pour un film par réalisateur, certains méritant de voir toute leur filmographie figurer dans cette liste. Ainsi comment choisir entre Le Parrain et Apocalypse now ?  Entre Un tramway nommé désir,  A l’Est d’Eden et la Fièvre dans le sang ? Entre Le Dictateur, la Ruée vers l’or et les feux de la rampe ?  Entre Propriété interdite et Out of Africa ? Entre Manhattan et La Rose pourpre du Caire ? Mission impossible.

     J’ai également choisi comme critère la nationalité américaine des films et non celle des réalisateurs, certains étant ainsi de nationalités autres qu’américaines et notamment britannique. J’assume évidemment l’entière subjectivité d’un tel classement.

    Les films sont classés par ordre chronologique et par décennies… avec une prédilection pour le cinéma américain des décennies 1940 et 1950.

    Un grand nombre de réalisateurs de ces films comme W.Allen, S.Pollack, F.F Coppola ont d’ailleurs foulé les Planches deauvillaises... et, qui sait, peut-être les fouleront-ils de nouveau en 2007.

    Vos commentaires, ajouts et réclamations sont les bienvenus !

    Et vous, quels sont vos films américains incontournables?

                                                                                Années 1920

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    1. L’Aurore de Murnau-1927

    2. Le Mécano de la « Général » de B.Keaton-1927

    Années 1930

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                                                       3. Autant en emporte le vent de V.Fleming-1939

    4. Elle et lui de L. McCarey- 1939

                                                 5. La Chevauchée fantastique de J.Ford-1939                                                

    Années 1940

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    6. Le Dictateur de C.Chaplin-1940

    7. Citizen Kane de O.Welles-1941

    8. Casablanca de M.Curtiz-1942

    9. Laura d’Otto Preminger-1944

    10. La vie est belle de F. Capra-1946

    11. Gilda de C.Vidor-1946

    Années 1950

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    12. Eve de Mankiewicz-1950

    13. La flèche brisée de D.Daves-1950

    14. Les Ensorcelés de V.Minnelli-1952

    15. Le train sifflera trois fois de F. Zinnemann-1952

    16. La fureur de vivre de N.Ray-1955

    17. La nuit du chasseur de C.Laughton-1955

    18. Sueurs froides de A.Hitchcock-1958

    19. Ben Hur de W.Wyler-1959

    20. Certains l’aiment chaud de B.Wilder-1959

    21. Rio Bravo de H.Hawks-1959

                                                                              Années 1960

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    22. Les Désaxés de J.Huston-1960

    23. La fièvre dans le sang de E.Kazan-1961

    24. La poursuite impitoyable d’A.Penn-1966

    25. Propriété interdite de S.Pollack-1966

                                                                             Années 1970

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    26. Apocalypse now de F.F Coppola-1979

    27. Manhattan de W.Allen-1979

                                                                            Années 1980

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    28. ET de Steven Spielberg-1982

                                                                             Années 1990

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    29. Edward aux mains d’argent de T.Burton-1990

    30. Retour à Howards end- de J. Ivory-1991

    31. Le temps de l’innocence de M.Scorsese-1993

                                                           32. Looking for Richard-Al Pacino-1995

                                                   33. Sur la route de Madison de C.Eastwood-1995

                                                                             Années 2000

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    34. Mulholland drive De David Lynch-2001

    35. Elephant de G.Van Sant-2003

    36. Babel de A.G Inarritu-2006

    37. Casino Royale de  Martin Campbell-2006

    Je vous propose ci-dessous deux critiques de films figurant dans ce palmarès que vous pourrez également trouver sur mon autre blog "In the mood for cinema": "Babel" de A.G Inarritu et "Sur la route de Madison" de Clint Eastwood.

    Critique de "Sur la route de Madison" de Clint Eastwood (1995)

    medium_route_1_bis.2.jpgL’éphémère peut avoir des accents d’éternité, quatre jours, quelques heures peuvent changer, illuminer et sublimer une vie. Du moins, Francesca Johnson (Meryl Streep)  et Robert Kincaid (Clint Eastwood) le croient-il et le spectateur aussi, forcément, inévitablement, après ce voyage bouleversant sur cette route de Madison qui nous emmène bien plus loin que sur ce chemin poussiéreux de l’Iowa. Caroline et son frère Michael Johnson  reviennent dans la maison où ils ont grandi pour régler la succession de leur mère, Francesca. Mais quelle idée saugrenue a-t-elle donc eu de vouloir être incinérée et d’exiger de faire jeter ses cendres du pont de Roseman, au lieu d’être enterrée auprès de son défunt mari ? Pour qu’ils sachent enfin qui elle était réellement, pour qu’ils comprennent, elle leur a laissé une longue lettre qui les ramène de nombreuses années en arrière, un été de 1965… un matin d’été de 1965, de ces matins où la chaleur engourdit les pensées, et réveille parfois les regrets. Francesca est seule. Ses enfants et son mari sont partis pour un concours agricole, pour quatre jours, quatre jours qui s’écouleront probablement au rythme hypnotique et routinier de la  vie de la ferme sauf qu’un photographe au National Geographic, Robert Kincaid, emprunte la route poussiéreuse pour venir demander son chemin. Sauf que, parfois, quatre jours peuvent devenir éternels.

    Sur la route de Madison aurait alors pu être un mélodrame mièvre et sirupeux, à l’image du best-seller de Robert James Waller dont il est l’adaptation. Sur la route de Madison est tout sauf cela. Chaque plan, chaque mot, chaque geste suggèrent l’évidence de l’amour qui éclôt entre les deux personnages. Ils n’auraient pourtant jamais dû se rencontrer : elle a une quarantaine d’années et, des années auparavant, elle a quitté sa ville italienne de Bari et son métier de professeur pour se marier dans l’Iowa et y élever ses enfants. Elle n’a plus bougé depuis. A 50 ans, solitaire, il n’a jamais suivi que ses désirs, parcourant le monde au gré de ses photographies. Leurs chemins respectifs ne prendront pourtant réellement sens que sur cette route de Madison. Ce jour de 1965, ils n’ont plus d’âge, plus de passé, juste cette évidence qui s’impose à eux et à nous, transparaissant dans chaque seconde du film, par le talent du réalisateur Clint Eastwood. Francesca passe une main dans ses cheveux, jette un regard nostalgico-mélancolique vers la fenêtre alors que son mari et ses enfants mangent, sans lui parler, sans la regarder: on entrevoit déjà ses envies d’ailleurs, d’autre chose. Elle semble attendre Robert Kincaid avant même de savoir qu’il existe et qu’il viendra.

    Chaque geste, simplement et magnifiquement filmé, est empreint de poésie, de langueur mélancolique, des prémisses de leur passion inéluctable : la touchante maladresse avec laquelle Francesca indique son chemin à Robert; la jambe de Francesca frôlée furtivement par le bras de Robert;  la main de Francesca caressant, d'un geste faussement machinal, le col de la chemise de Robert assis, de dos, tandis qu’elle répond au téléphone; la main de Robert qui, sans se retourner, se pose sur la sienne; Francesca qui observe Robert à la dérobée à travers les planches du pont de Roseman, puis quand il se rafraîchit à la fontaine de la cour; et c’est le glissement progressif vers le vertige irrésistible. Les esprits étriqués des habitants renforcent cette impression d’instants volés, sublimés.

    Francesca, pourtant, choisira de rester avec son mari très « correct » à côté duquel son existence sommeillait, plutôt que de partir avec cet homme libre qui « préfère le mystère » qui l’a réveillée, révélée, pour ne pas ternir, souiller, ces 4 jours par le remord d’avoir laissé une famille en proie aux ragots. Aussi parce que « les vieux rêves sont de beaux rêves, même s’ils ne se sont pas réalisés ». 

     Et puis, ils se revoient une dernière fois, un jour de pluie, à travers la vitre embuée de leurs voitures respectives. Francesca attend son mari dans la voiture. Robert est dans la sienne. Il suffirait d’une seconde… Elle hésite. Trop tard, son mari revient dans la voiture et avec lui : la routine, la réalité, la raison.  Puis, la voiture de Francesca et de son mari suit celle de Robert. Quelques secondes encore, le temps suspend son vol à nouveau, instant sublimement douloureux. Puis, la voiture s’éloigne. A jamais. Les souvenirs se cristalliseront au son du blues qu’ils écoutaient ensemble, qu’ils continueront à écouter chacun de leur côté, souvenir de ces instants immortels, d’ailleurs immortalisés des années plus tard par un album de photographies intitulé « Four days ». Avant que leurs cendres ne soient réunies à jamais du pont de Roseman.  Avant que les enfants de Francesca ne réalisent son immense sacrifice. Et  leur passivité. Et la médiocrité de leurs existences. Et leur envie d'exister, à leur tour. Son sacrifice en valait-il la peine ? Son amour aurait-il survécu au remord et au temps ?...

    Sans esbroufe, comme si les images s’étaient imposées à lui avec la même évidence que l’amour s’est imposé à ses protagonistes, Clint Eastwood filme simplement, majestueusement, la fugacité de cette évidence. Sans gros plan, sans insistance, avec simplicité, il nous fait croire aux« certitudes qui n’arrivent qu’une fois dans une vie » ou nous renforce dans notre croyance qu’elles peuvent exister, c'est selon. Peu importe quand. Un bel été de 1965 ou à un autre moment. Peu importe où. Dans un village perdu de l’Iowa ou ailleurs. Une sublime certitude. Une magnifique évidence. Celle d’une rencontre intemporelle et éphémère, fugace et éternelle. Un chef d’œuvre d’une poésie sensuelle et envoûtante. A voir absolument.

    Remarque: La pièce de James Waller dont est tiré le film sera reprise au théâtre Marigny, à Paris, en janvier 2007, et les deux rôles principaux seront repris par Alain Delon et Mireille Darc.

    Ce article est également publié sur Agoravox.

    Vous pouvez également lire ma critique de la pièce de théâtre interprétée par Alain Delon et Mireille Darc en cliquant ici

    Critique de "Babel" de A.G. Inarritu (2006)

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    En plein désert marocain, des enfants jouent avec un fusil que leur père vient d’acheter. Un coup de feu retentit et blesse une touriste américaine dans un bus qui passait sur la route, en contrebas. Les destins de cette femme (Cate Blanchett) et de son mari (Brad Pitt) dont le couple battait de l’aile, les destins des deux enfants responsables du coup de feu, le destin de la nourrice mexicaine des enfants du couple d’Américains, le destin d’une jeune Japonaise, en l’occurrence la fille de l’homme qui a donné le fusil à un Marocain qui l’a revendu au père des deux enfants : ces destins vont tous avoir une influence les uns sur les autres, des destins socialement et géographiquement si éloignés, mais si proches dans l’isolement et dans la douleur.

    Rares sont les films que je retourne voir, mais pour Babel vu au dernier festival de Cannes où il a obtenu le prix de la mise en scène et celui du jury œcuménique, c’était une vraie nécessité parce que Babel c’est plus qu’un film : une expérience.  Ce film choral qui clôt le triptyque du cinéaste après Amours chiennes et 21 grammes fait partie de ces films après lesquels toute parole devient inutile et impossible, de ces films qui expriment tant dans un silence, dans un geste, qu’aucune parole ne pourrait mieux les résumer. De ces films qui vous hypnotisent et vous réveillent. De ces films qui vous aveuglent et vous éclairent. Donc le même choc, la même claque, le même bouleversement, quelques mois après, l’effervescence, la déraison et les excès cannois en moins. Malgré cela.

    Si la construction n’avait été qu’un vain exercice de style, qu’un prétexte à une démonstration stylistique ostentatoire, l’exercice  aurait été alors particulièrement agaçant mais son intérêt provient justement du fait que cette construction ciselée illustre le propos du cinéaste, qu’elle traduit les vies fragmentées, l’incommunicabilité universelle.

    Le montage alterné ne cherche pas à surprendre mais à appuyer le propos, à refléter un monde chaotique, brusque et impatient, des vies désorientées, des destins morcelés. En résulte un film riche, puissant où le spectateur est tenu en haleine du début à la fin, retenant son souffle, un souffle coupé par le basculement probable, soudain, du sublime dans la violence. Du sublime d’une danse à la violence d’un coup de feu. Du sublime d’une main sur une autre, de la blancheur d’un visage à la violence d’une balle perdue et d’une blessure rouge sang. Du sublime  du silence et du calme à la violence du basculement dans le bruit, dans la fureur, dans la déraison.

    medium_P80601087315038.jpgUn film qui nous emmène sur trois continents sans jamais que notre attention ne soit relâchée, qui nous confronte à l’égoïsme, à notre égoïsme, qui nous jette notre aveuglement et notre surdité en pleine figure, ces figures et ces visages qu’il scrute et sublime d’ailleurs, qui nous jette notre indolence en pleine figure, aussi. Un instantané troublant et désorientant de notre époque troublée et désorientée.  La scène de la discothèque est ainsi une des plus significatives, qui participe de cette expérience. La jeuneJaponaise sourde et muette est aveuglée. Elle noie son désarroi dans ces lumières scintillantes, fascinantes et angoissantes.  Des lumières aveuglantes: le paradoxe du monde, encore. Lumières qui nous englobent. Soudain aveuglés et sourds au monde qui nous entoure nous aussi.

    Le point de départ du film est donc le retentissement d'un coup de feu au Maroc, coup de feu déclenchant une série d'évènements, qui ont des conséquences désastreuses ou salvatrices, selon les protagonistes impliqués. Peu à peu le puzzle se reconstitue brillamment, certaines vies se reconstruisent, d’autres sont détruites à jamais. Jamais il n’a été aussi matériellement facile de communiquer. Jamais la communication n’a été aussi compliquée, Jamais nous n’avons reçu autant d’informations et avons si mal su les décrypter. Jamais un film ne l’a aussi bien traduit. Chaque minute du film illustre cette incompréhension, parfois par un simple arrière plan, par une simple image qui se glisse dans une autre, par un regard qui répond à un autre, par une danse qui en rappelle une autre, du Japon au Mexique, l’une éloignant et l’autre rapprochant.

    Virtuosité des raccords aussi : un silence de la Japonaise muette qui répond à un cri de douleur de l’américaine, un ballon de volley qui rappelle une balle de fusil. Un monde qui se fait écho, qui crie, qui vocifère sa peur et sa violence et sa fébrilité, qui appelle à l’aide et qui ne s’entend pas comme la Japonaise n’entend plus, comme nous n’entendons plus à force que notre écoute soit tellement sollicitée, comme nous ne voyons plus à force que tant d’images nous soit transmises, sur un mode analogue, alors qu’elles sont si différentes. Des douleurs, des sons, des solitudes qui se font écho, d’un continent à l’autre, d’une vie à l’autre. Et les cordes de cette guitare qui résonnent comme un cri de douleur et de solitude. 

     Véritable film gigogne, Babel nous montre un monde paranoïaque,  paradoxalement plus ouvert sur l’extérieur fictivement si accessible et finalement plus égocentrique que jamais,  monde paradoxalement mondialisé et individualiste. Le montage traduit magistralement cette angoisse, ces tremblements convulsifs d’un monde qui étouffe et balbutie, qui n’a jamais eu autant de moyens de s’exprimer et pour qui les mots deviennent vains. D’ailleurs chaque histoire s’achève par des gestes, des corps enlacés, touchés, touchés enfin. Touchés comme nous le sommes. Les mots n’ont plus aucun sens, les mots de ces langues différentes. Selon la Bible, Babel fut  ainsi une célèbre tour construite par une humanité unie pour atteindre le paradis. Cette entreprise provoqua la colère de Dieu, qui pour les séparer, fit parler à chacun des hommes impliqués une langue différente, mettant ainsi fin au projet et répandant sur la Terre un peuple désorienté et incapable de communiquer.

    medium_P80601161052655.jpgC’est aussi un film de contrastes. Contrastes entre douleur et grâce, ou plutôt la grâce puis si subitement la douleur, puis la grâce à nouveau, parfois. Un coup de feu retentit et tout bascule. Le coup de feu du début ou celui en pleine liesse du mariage.  Grâce si éphémère, si fragile, comme celle de l’innocence de ces enfants qu’ils soient japonais, américains, marocains, ou mexicains. Contrastes entre le rouge des vêtements de la femme mexicaine et les couleurs ocres du désert. Contrastes entres les lignes verticales de Tokyo et l’horizontalité du désert. Contrastes entre un jeu d’enfants et ses conséquences dramatiques. Contraste entre le corps dénudé et la ville habillée de lumière. Contraste entre le désert et la ville.   Contrastes de la solitude dans le désert et de la foule de Tokyo. Contrastes de la foule et de la solitude dans la foule. Contrastes entre « toutes les télévisions [qui] en parlent » et ces cris qui s’évanouissent dans le désert.  Contrastes d’un côté et de l’autre de la frontière.  Contrastes d’un monde qui s’ouvre à la communication et se ferme à l’autre. Contrastes d’un monde surinformé mais incompréhensible, contrastes d’un monde qui voit sans regarder, qui interprète sans savoir ou comment, par le prisme du regard d’un monde apeuré, un jeu d’enfants devient l’acte terroriste de fondamentalistes ou comment ils estiment savoir de là-bas ce qu’ils ne comprennent pas ici.

    medium_P80601693016905.jpgMais toutes ces  dissociations et ces contrastes ne sont finalement là que pour mieux rapprocher.   Contrastes de ces hommes qui parlent des langues différentes mais se comprennent d’un geste, d’une photo échangée (même si un billet méprisant, méprisable les séparera, à nouveau). Contrastes de ces êtres soudainement plongés dans la solitude qui leur permet finalement de se retrouver. Mais surtout, surtout, malgré les langues : la même violence, la même solitude, la même incommunicabilité, la même fébrilité, le même rouge et la même blancheur, la même magnificence et menace de la nuit au-dessus des villes, la même innocence meurtrie, le même sentiment d’oppression dans la foule et dans le désert. 

     Loin d’être une démonstration stylistique, malgré sa virtuosité scénaristique et de mise en scène Babel est donc un édifice magistral tout entier au service d’un propos qui parvient à nous transmettre l’émotion que ses personnages réapprennent.  Notons que malgré la pluralité de lieux, de langues, d'acteurs (professionnels mais souvent aussi non professionnels), par le talent de son metteur en scène, Babel ne perd jamais sa cohérence qui surgit, flagrante, bouleversante, évidente, au dénouement.

    La mise en scène est volontairement déstructurée pour refléter ce monde qu'il met en scène, un monde qui s'égare, medium_P80601398560603.jpget qui, au moindre geste , à la moindre seconde, au moindre soupçon, peut basculer dans la violence irraisonnée, un monde qui n'a jamais communiqué aussi vite et mal, un monde que l'on prend en pleine face, fascinés et horrifiés à la fois, un monde brillamment ausculté, décrit,  par des cris et des silences aussi ; un monde qui nous aveugle, nous assourdit, un monde de différences si semblables, un monde d’après 11 septembre. 

     Babel est un film douloureux et clairvoyant, intense, empreint de la fébrilité du monde qu’il parcourt et dépeint de sa lumière blafarde puis rougeoyante puis nocturne. Un film magnifique et éprouvant dont la mise en scène vertigineuse nous emporte dans sa frénésie d’images, de sons, de violences, de jugements hâtifs, et nous laisse avec ses silences, dans le silence d’un monde si bruyant. Le silence après le bruit, malgré le bruit, le silence de l’harmonie retrouvée, l’harmonie éphémère car il suffirait qu’un coup de feu retentisse pour que tout bascule, à nouveau. La beauté et la douleur pareillement indicibles. Babel, tour de beauté et de douleur. Le silence avant les applaudissements, retentissants, mérités. Si le propre de l’Art c’est de refléter son époque et de l’éclairer, aussi sombre soit-elle, alors Babel est un chef d’œuvre. Une expérience dont on ne peut ressortir indemne ! Mais silencieux, forcément.

    Cet article a été repris sur Agoravox et sur Yahoo Actualités.

     Sandra.M

  • "Les temps qui changent" à Deauville: André Téchiné présidera le jury du 33ème Festival

    35cfed8277b7a43efafe9d5316788295.jpgDes changements sont d’ores et déjà annoncés pour cette 33ème édition du Festival du Cinéma Américain, j’y reviendrai.

    L’un d’entre eux, plus implicite, pourrait être la désignation de son président, cette année André Téchiné qui, contrairement à d'autres, n'est en effet pas un habitué des Planches et se fait rare dans les festivals de cinéma, une annonce donc prometteuse quant à la réussite de cette 33ème édition.

    LISTE DES PRESIDENTS DU FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE DEPUIS L’INSTAURATION DE LA COMPETITION EN 1995

    1995 : André Konchalovsky

    1996 : Charlotte Rampling

    1997 : Sophie Marceau

    1998 : Jean-Paul Rappeneau

    1999 : Régis Wargnier

    2000 : Neil Jordan

    2001 : Jean-Jacques Annaud

    2002 : Pierre Lescure

    2003 : Roman Polanski

    2004 : Claude Lelouch

    2005 : Alain Corneau

    2006 : Nicole Garcia

    FILMOGRAPHIE D’ANDRE TECHINE

    En tant qu’acteur

    Les Ministères de l'art (1988), de Philippe Garrel

     La Maman et la Putain (1973), de Jean Eustache

     En tant que réalisateur

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    La Mandragore (projet) (Prochainement)

     Les Témoins (2007)

     Les Temps qui changent (2004)

     Les Egarés (2003)

     Loin (2001)

     Alice et Martin (1998)

     Les Voleurs (1996)

     Les Roseaux sauvages (1994)

     Le Chêne et le roseau (TV) (1994)

     Ma saison préférée (1993)

     J'embrasse pas (1991)

     Les Innocents (1987)

     Le Lieu du crime (1985)

     Rendez-vous (1984)

     L'Atelier (1984)

     La Matiouette (1983)

     Hôtel des Amériques (1981)

     Les Soeurs Brontë (1979)

     Barocco (1976)

     Paulina s'en va (1975)

     Souvenirs d'en France (1975)

     Les Oiseaux anglais (1965)

    En tant que scénariste

    a132665568fb5f96ca05e6e05f32dbd6.jpg

    Les Témoins (2007)

     Les Temps qui changent (2004)

     Les Egarés (2003)

     Café de la plage (2002), de Benoît Graffin

     Loin (2001)

     Alice et Martin (1998)

     Transatlantique (1997), de Christine Laurent

     Les Voleurs (1996)

     Les Roseaux sauvages (1994)

     Le Chêne et le roseau (TV) (1994)

     Ma saison préférée (1993)

     J'embrasse pas (1991)

     Les Innocents (1987)

     Le Lieu du crime (1985)

     Mauvaise fille (1985), de Régis Franc

     Rendez-vous (1984)

     La Matiouette (1983)

     Hôtel des Amériques (1981)

     Les Soeurs Brontë (1979)

     Barocco (1976)

     Paulina s'en va (1975)

     Souvenirs d'en France (1975)

     Aloïse (1975), de Liliane de Kermadec

    1er assistant réalisateur

    Les Idoles (1968), de Marc'O

    Dialoguiste

    Les Soeurs Brontë (1979)

    Conseiller technique

    A toute vitesse (1996), de Gaël Morel

    Parolier (chansons du film)

    Les Innocents (1987)

     Barocco (1976)

    Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1985 pour "Rendez-vous"

    "J'entreprends chaque film comme on entreprend un voyage. Je ne sais pas quel paysage je vais découvrir. C'est ça qui est excitant quand on travaille et quand on découvre le travail des autres, comme c'est le cas pour ce voyage à Deauville."  André Téchiné

    En attendant d’autres critiques de films d’André Téchiné, je vous propose ma critique des « Temps qui changent ».

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    Les temps qui changent : de sublimes « égarés » à Tanger

    Un premier amour peut-il devenir un dernier amour ? C’est autour de cette question passionnante, de cette idée malheureusement apparemment désuète, que tournent ces « temps qui changent » et c’est aussi la réponse affirmative à cette question qui dicte les actes d’Antoine (Gérard Depardieu) qui depuis plusieurs années cherche à venir travailler et diriger un chantier à Tanger pour retrouver Cécile (Catherine Deneuve) qu’il a aimée 30 ans plus tôt. Cécile s’est pourtant remariée mais cela n’arrête pas Antoine persuadé que ce premier amour doit être son dernier amour. Le couple mythique du non moins légendaire « Dernier métro » de Truffaut se trouve ici à nouveau réuni, pourtant leurs retrouvailles seront ici aux antipodes du romantisme. Ce sera dans un supermarché. Ce sera l’émotion qui submerge Antoine. Ce sera Antoine qui tellement bouleversé se cogne contre la vitre du supermarché. Ce sera le mari de Cécile (interprété par Gilbert Melki) qui vient au secours d’Antoine. Ce sera Cécile qui le découvre, là, à terre, le nez ensanglanté. Et il va se cogner à la vie, à la réalité l’idéaliste Antoine. La réalité des temps qui changent. La réalité de l’indifférence de Cécile. La réalité des corps et des situations bouleversés. La réalité de l’oubli.
    Là où d’autres auraient démontré, insisté, prenant le spectateur en otage, lui dictant ses émotions, Téchiné sait suggérer par une colère subite, une main qui se pose sur une autre, un regard fuyant. Depardieu est magistral en colosse fragile et Deneuve étonnante de fragilité endurcie. On pourra regretter que Téchiné amorce plusieurs histoires, tous ces destins qui s’entremêlent nous laissant un goût d’inachevé, mais faisant la force du film ne le réduisant ainsi pas à un clin d’œil cinéphilique. La caméra vacille constamment, hésite, cherche, bouge, change… Cécile vacillera-t-elle à son tour ? Un premier amour peut-il devenir un dernier amour ? Pour le savoir, allez voir ces « temps qui changent » qui vous emmèneront dans un voyage passionné et passionnant à Tanger que je vous recommande vivement et qui ravira forcément les inconditionnels du cinéaste (dont je suis) et qui ravira ceux qui s’agacent du cynisme ambiant. (dont je suis également).
    Un film inégal, mélancolique traversé par de fugaces instants magiques comme seul Téchiné en a le secret, comme chacun de ses films en recèle.

    Sandra.M

  • Intégrale Gus Van Sant en sa présence

    2d58e4731f86b66b0cefb25e46c68e5e.jpgAlors que dans l’édito de ce blog,  j’évoquais la mémorable projection de « Gerry »,  alors que son réalisateur a reçu le prix du 60ème anniversaire du Festival de Cannes pour « Paranoïd park », le Festival de Deauville vient d’annoncer la troisième bonne nouvelle de cette édition 2007.

    La troisième bonne nouvelle de cette édition 2007 après l’annonce de la présidence du jury confiée à André Téchiné et après l’annonce de la création des « Nuits américaines », c’est donc celle de l’hommage que le festival rendra à un éminent représentant du cinéma indépendant américain et de la modernité qui a parfois aussi signé des films plus grands publics ou carrément expérimentaux : Gus Van Sant.  

    Dans "Paranoïd park",  Gus Van Sant recourt aux mêmes thèmes et figures stylistiques que dans « Last days » et « Elephant », le film n’en reste pas moins fascinant, avec la photographie de Christopher Doyle en prime, je vous le recommande vivement… à l’image des deux films précités et bien sûr du troisième film de sa trilogie (avec « Last days » et « Elephant » donc), « Gerry". Je vous recommande également « Will hunting ».

    e1b858a90bc8d5bc9dba91a1d09937c2.jpgElephant reste mon film favori du réalisateur : pour sa succession de plans séquences envoûtants et mélancoliques, pour ses ralentis hypnotiques, pour ses flash-backs, pour le morcellement habile du temps, pour ses effets sonores, pour ses jeunes acteurs brillamment choisis et dirigés, pour son rythme sensuel et poétique, pour son errance dans un espace labyrinthique, pour ses nuages qui courent et dansent dans un ciel azuré orchestré par la musique de Beethoven, pour ses magistraux travellings avant ou arrière,  pour le décalage judicieux entre le temps réel et subjectif, pour la virtuosité de sa mise en scène donc, parce que c’est un instantané d’une époque, parce qu’il oscille constamment entre rêve et cauchemar éveillés, réalité et abstraction, parce qu’il fascine et horrifie à la fois comme un jeu vidéo qui aurait influencé la tuerie du lycée de Columbine dont le film s’est inspiré, un jeu vidéo auquel il ressemble parfois, pour le plan furtif et sublime d’une main sur une épaule, pour son amoralisme et sa lucidité, pour l'acuité du regard de Gus Van Sant, personnel et sensoriel, celui d’un cinéaste libre qui laisse le spectateur libre : de voir ou non,  de juger ou non, de se laisser embarquer dans ce labyrinthe ensorcelant. Parce que c’est un chef d’œuvre tout simplement.

    Critique de « Last days » lors de sa projection au Festival de Cannes 2005, extraire de mon compte-rendu du Festival de Cannes 2005

    54f83a89b26e475697ff6117d4d6ff7c.jpgDeux ans après sa palme d'or pour "Elephant" Gus Van Sant revient sur la Croisette. Cette projection cannoise étant déjà précédée de rumeurs concernant un éventuel prix d'interprétation pour Michael Pitt, bien que munis des deux précieux sésames que sont l'accréditation et l'invitation, les festivaliers se pressent et se bousculent à l'accès aux marches faisant fi de la politesse, le regard rivé sur le tapis rouge au cas où il disparaîtrait mystérieusement juste avant que leurs pas ne le foulent où au cas où il se déroberait sous leurs pieds. Je regarde tous ces visages crispés et concentrés comme si leur vie en dépendait et je m'amuse de l'incongruité de leurs réactions...mais le soleil est toujours aussi étincelant, le palais attend toujours de nous accueillir et leur attitude, si dérisoire, ne parvient donc pas à entacher ma bonne humeur. Je me laisse donc porter par la foule essayant de ne pas perdre le billet rouge tant convoité. Quelques minutes plus tard, je me retrouve sans la salle. La lumière s'éteint. Les bruissements d'impatience de la salle. Puis, le logo du festival qu'un nombre incalculable de flashs immortalise. "Last days" commence. L'histoire d'une fin pourtant, d'une ultime errance rythmée par des soliloques incompréhensibles qui s'apparentent à des onomatopées. Ces derniers jours sont ceux de Kurt Cobain dont Van Sant s'est très librement inspiré. Ce sont donc les derniers jours d'un homme fantomatique, déjà dans un autre monde, déjà ailleurs. Déambulations désenchantées d'un ange déchu aux portes des ténèbres dont l'imminence de la fin procure un poids démesuré à chaque sensation élémentaire, sensations presque animales. Gus Van Sant clôt admirablement sa trilogie ("Elephant" et" Gerry" en sont les deux premiers éléments, tous trois étant inspirés de "faits divers") sans concession au classicisme ou au mélodrame démonstratif, avec ce style si singulier qui le caractérise (personnages filmés de dos, succession de longs plans séquences, son amplifié, récit déstructuré). Là où "Elephant"' m'avait subjuguée, étant sortie de la projection cannoise avec la presque certitude qu'il obtiendrait la palme d'or (eu égard autant à son sujet qu'à son traitement si novateur), là où Gerry m'avait fascinée je dois avouer que "Last days" m'a quelque peu déçue probablement en raison de l'immense attente suscitée par l'envoûtement provoqué par les deux précédents films. Van Sant n'en démontre pas moins à nouveau son immense talent captant toujours par sa mise en scène si personnelle et si reconnaissable, l'essentiel, l'essence, dans le potentiellement anodin et faisant de chacun de ses films une déroutante expérience pour le spectateur.

    ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Après l’intégrale Stanley Kubrick en 2001 et Steven Spielberg en 2004, le Festival proposera cette année, pour l’occasion, une intégrale Gus Van Sant, en sa présence.

    BIOGRAPHIE DE GUS VAN SANT (extraite du communiqué de presse du Festival) 

    8c60b2bbde2e7b912de6364e70c41574.jpgNé à Louisville, Kentucky, Gus Van Sant obtient son diplôme d’arts à la Rhode Island School of Design avant de travailler deux ans dans les milieux de la publicité à New York. En 1985, il réalise son premier long métrage, « Mala Noche », qui obtient le Los Angeles Film Critics Award du Meilleur Film Indépendant. Ses films suivants, « Drugstore Cowboy » (1989), « My Own Private Idaho » (1991) et « Even Cowgirls Get the Blues » (1993), marquent le cinéma américain indépendant des années 90. Sa comédie grinçante, « Prête à tout « (1995), avec Nicole Kidman, est présentée aux festivals de Cannes et de Toronto. « Will Hunting » (1997), obtient neuf nominations aux Oscars, dont celle du Meilleur Réalisateur. Après avoir réalisé le remake plan par plan du film d’Alfred Hitchcock, « Psycho » (1998), le film dramatique « A la rencontre de Forrester » (2000) et le film expérimental « Gerry » (2002), co-écrit avec Matt Damon et Casey Affleck, il met en scène « Elephant » en 2003. Le film obtient la Palme d’Or, le Prix de la Mise en Scène et le Prix de l’Education Nationale au Festival de Cannes 2003. Deux ans plus tard, « Last Days », est également présenté à Cannes en compétition officielle. Gus Van Sant réalise également plusieurs courts métrages qui sont récompensés dans de nombreux festivals, comme l’adaptation de la nouvelle de William S. Burroughs, « The Disciple of D.E. » (1982). En 801536bf4e5873d202faf006352daa83.jpg1996, il dirige Allen Ginsberg dans une lecture de ses propres poèmes, « Ballad of the Skeletons », sur une musique de Paul McCartney et Philip Glass. « Five Ways to Kill Yourself » (1987), « Thanksgiving Prayer » (1991), nouvelle collaboration avec Burroughs, et « Easter » (1999), écrit par Harmony Korine, figurent aussi sur la liste de ses courts métrages. Dorénavant installé à Portland, Oregon, Gus Van Sant continue de réaliser et de produire, partageant son temps entre peinture, écriture et photographie. En 1995, il publie une collection de photos intitulée "108 Portraits" et deux ans plus tard son premier roman, "Pink", satire sur le monde du cinéma. Lui-même musicien, il réalise des vidéo-clips pour des artistes tels que David Bowie, Elton John, les Red Hot Chili Peppers et Hanson. Son douzième long métrage, « Paranoid Park », vient de remporter le Prix du 60ème Anniversaire du Festival de Cannes.

    FILMOGRAPHIE

    -En tant que réalisateur:

     1982 THE DISCIPLE OF D.E. – court métrage

    1985 MALA NOCHE

    1987 KEN DEATH GETS OUT OF JAIL – court métrage

    MY NEW FRIEND – court métrage

    FIVE WAYS TO KILL YOURSELF – court métrage

    1989 DRUGSTORE COWBOY

    1991 THANKSGIVING PRAYER – court métrage

    MY OWN PRIVATE IDAHO

    1993 EVEN COWGIRLS GET THE BLUES

    1995 TO DIE FOR (Prête à tout)

    1997 BALLAD OF THE SKELETONS – court métrage

    WILL HUNTING (Good Will Hunting)

    1996 FOUR BOYS IN A VOLVO – court métrage

    1998 PSYCHO

    2000 FINDING FORRESTER (A la rencontre de Forrester)

    2002 GERRY

    2003 ELEPHANT  Palme d’Or - Festival de Cannes 2003 

     Prix de la Mise en Scène - Festival de Cannes 2003

    2005 LAST DAYS

    2006 PARIS JE T’AIME – segment le Marais

    2007 PARANOID PARK

    Prix du 60ème Anniversaire - Festival de Cannes 2007

    -En tant que scénariste

     1982 THE DISCIPLE OF D.E. – court métrage

    1985 MALA NOCHE

    1989 DRUGSTORE COWBOY

    1991 THANKSGIVING PRAYER – court métrage

    MY OWN PRIVATE IDAHO

    1993 EVEN COWGIRLS GET THE BLUES

     1997 BALLAD OF THE SKELETONS – court métrage

    Sandra.M